"Mithé Espelt, le luxe discret du quotidien"

Monographie consacrée à la céramiste contemporaine Mithé Espelt, née en 1923, dont l'oeuvre fut particulièrement marquée par les travaux de Jean Hugo, Louise de Vilmorin, Valentine Schlegel, Frédéric Mistral, Line Vautrin et Jaime Sabartés... 150 reproductions d'oeuvres (en particulier des miroirs en pate de verre)..

Très jeune, au sortir de la guerre, Mithé Espelt choisit même de ne pas signer ses oeuvres afin de se placer en dehors du champ des rivalités narcissiques pour mieux préserver sa liberté. Posture atypique s'il en est, qu'elle conservera durant près d'un demi-siècle. Ce qui lui permit de réaliser à sa guise une oeuvre magistrale.

Cantonnant son travail à l'univers féminin, elle met sur pied, dès 1947, un extravagant carrousel dans lequel virevoltent, sous une pluie de paillettes d'or pur une myriade de petits miroirs et de coffrets à secrets emplis de bijoux. Des objets qui interrogent le désir et la séduction, l'envie et la gourmandise, le réel et l'illusion, tout en nous délivrant, en milieu du chant des oiseaux et des fleurs, un message d'optimisme et d'amour. Des objets qui, faute de signature, furent trop souvent négligés. Des oeuvres camouflées derrière une valeur d'usage, fréquemment dispersées aux quatre vents.

Elles ont cependant captivé Antoine Candau qui lève aujourd'hui le voile sur l'incroyable destin d'une artiste qui ne souhaitait pas être connue. Écrit en collaboration avec Mithé Espelt, son livre, loin d'être réservé aux initiés, peut se lire comme un roman. Il apporte ausi un éclairage souvent novateur sur l'art céramique de l'après-guerre en France et nous incite à porter un regard différent sur bien des choses.

Antoine Candau, amateur d'art et spécialiste de la céramique, connu pour avoir souvent su anticiper les modes en ignorant les discours ambints, prend ici un évident plaisir à  nous présenter sa "dernière" découverte, une jeune artiste inconnue de 95 ans. Et il nous invite à le partager. Editions Odyssée, 2020, 206 pages, 54€