Les rubans de porcelaine

Les rubans de porcelaine de Daniella Schlaguenauff sont enroulés en pelote.

La souplesse des rubans figée dans le tissu de porcelaine.

Cette ambition folle de captiver le chaloupé, la contorsion. 

Un psychanalyste voulant donner une image du travail à un patient dit : "c'est une pelote à démêler, vous prenez un bout, vous tirez, puis un autre bout... vous revenez vers la pelote jusqu'à ce que...". Il ne dit pas si c'est une pelote de rubans chatoyants et soyeux ou si c'est une pelote de vieille ficelle saturée de l'air moisi de la cave.

Colette fait des rubans, le jour de la fête de l'école, un objet de double rivalité. Leur choix témoigne du goût de l'écolière. Dans l'absolu le ruban est beau ou ne l'est pas. Mais il témoigne aussi de la capacité de l'écolière à l'assortir à sa carnation, sa robe, son chapeau...

Le ruban noué sur le paquet de lettres anciennes, si fragile mais si expressive défense contre l'intrusion d'un lecteur indifférent.

Les rubans des décorations militaires.

Les rubans des coiffes régionales.

Le ruban tressé avec le bouquet de lavande.

Le ruban porté comme un collier.

Les rubans de Daniella entre discipline et extravagance, s'entremêlent et s'expansent dans les strictes limites qu'elle leur concède.

Les rubans labyrinthes de Daniella sont mystèrieux : parcourir le ruban du bout du doigt, pénétrer le coeur de la pelote... et aboutir où ?

Myriam Bürgi pour terres d'Aligre